Recensions

Luc Courtois, dir., Les études orientales à l’Université de Louvain depuis 1834. Hommes et réalisations. Bruxelles, Éditions Safran (coll. « Histoire », 12), 2021, 481 p.[Record]

  • André Couture

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  • André Couture
    Université Laval, Québec

« Cinq cents ans après l’inauguration du Collège des Trois Langues à Leuven, se sont tenues à Louvain-la-Neuve, les 3-4 décembre 2018, des journées d’études consacrées au thème de “L’orientalisme à l’Université de Louvain depuis 1834 : hommes et réalisations” » (p. 14-15), dont le présent volume constitue les actes. En plus d’un avant-propos de Bernard Coulie et d’une introduction générale de Luc Courtois, ce volume regroupe dix-neuf contributions divisées en une première partie intitulée « Parcours historique » regroupant quatorze articles cherchant à dresser un tableau d’ensemble de l’enseignement et de la recherche dans le domaine des études orientales, et une seconde partie comprenant cinq autres textes apportant des « Éclairages particuliers », touchant certaines réalisations dont l’Université de Louvain peut à bon droit s’enorgueillir. Cet ouvrage répond d’abord, il me semble, à un besoin de comprendre le milieu qui a permis l’éclosion de tant d’érudits de grande valeur autour d’une même institution. Peu importe son secteur spécifique d’activité scientifique, on connaît tous d’admirables spécialistes qui ont illustré l’Université de Louvain, mais sans toujours saisir exactement le contexte universitaire ayant permis la floraison de tels chercheurs et être capable de les situer à l’intérieur d’un ensemble de collègues moins connus ayant participé à leur formation et avec lesquels ils ont travaillé. Les diverses contributions réunies dans ce livre — qu’il s’agisse des études gravitant autour de l’Orient biblique, de l’indianisme, des études syriaques, égyptiennes, assyriologiques, arabes, iraniennes, chinoises et japonaises, éthiopiennes, arméniennes et géorgiennes, et même élamites — donnent toutes à voir comment certaines personnalités d’exception ont lentement permis à un secteur de se développer. Bernard Coulie ajoute avec raison que « ce sont toujours les cours de langues orientales qui ont servi de pierre angulaire de l’orientalisme à l’Université de Louvain » (p. 6), mais en précisant du même souffle : « Si l’étude de la langue a toujours été au centre de l’orientalisme louvaniste, il ne s’agit cependant pas de l’étude de la langue pour elle-même, mais de la langue en tant qu’outil nécessaire pour avoir un accès direct aux sources, et en particulier aux sources écrites, qu’elles soient littéraires, documentaires ou épigraphiques » (p. 7). Au milieu de cette étourdissante enfilade de noms de spécialistes, certains font l’objet de courtes monographies, facilement repérables grâce à l’index final. Je note presque au hasard les noms de Jean-Théodore Beelen (1807-1884), un spécialiste de langues sémitiques qui a surtout mis son savoir au service des études bibliques ; Félix Nève (1816-1893), un des premiers orientalistes à nourrir une vive curiosité pour les études védiques, quoique son travail de pionnier ne semble pas toujours avoir été apprécié à sa juste valeur ; Charles de Harlez (1832-1899), qui a cultivé les études iraniennes et sanskrites et que le grand Louis de La Vallée Poussin (1869-1938, Université de Gand) considéra toujours comme son maître (p. 106) ; le grand spécialiste du bouddhisme mahāyāna Étienne Lamotte (1903-1983), que Louis de La Vallée Poussin contribua à former pendant sa retraite à son domicile de Bruxelles, mais qui bénéficia aussi du contact avec une pléiade de spécialistes comme l’indianiste et historien de l’art Alfred Foucher, Jean Przyluski pour le pāli, le sinologue Paul Demiéville et la tibétologue Marcelle Lalou. À partir de 1875, à la suite de J.-T. Beelen, les études syriaques se sont renouvelées grâce à Thomas-Joseph Lamy (1827-1907) et Jean-Baptiste Abbeloos (1836-1906) ; l’égyptologie n’aurait pas été ce qu’elle a été sans l’acharnement de Louis-Théophile Lefort (1879-1959), qui contribua aussi aux études coptes avec Gérard Garitte (1914-1990), Julien Ries (1920-2013) et bien d’autres ; l’assyriologie, et tout ce qui concerne le monde des …