Recensions

Pierre Gisel, Les monothéismes. Judaïsme, christianisme, islam. 145 propositions. Genève, Éditions Labor et Fides (coll. « Religions en perspective », 19), 2006, 178 p.[Record]

  • Nestor Turcotte

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  • Nestor Turcotte
    Matane

Le présent ouvrage est issu d’un cours universitaire ouvert à un public externe. Il vise un double objectif : d’abord, informer les lecteurs sur les grandes religions monothéistes, puis, partager cette information de base afin de faire tomber les préjugés, permettre à chacun de confronter ses convictions personnelles, se soumettre enfin à une forme d’autocritique. Sous la forme de 145 propositions divisées en neuf chapitres, l’A. aborde les réalités centrales de chacun des monothéismes. Les principaux éléments historiques et structurels de chacun des grands courants religieux sont étudiés, comparés et placés dans le contexte contemporain. La présentation du christianisme est parfois plus longue. L’A. en donne la raison : la posture religieuse est plus complexe et demande forcément une plus longue élaboration. La problématique monothéiste renvoie à la question — humaine — de Dieu. Existe-t-il ? Et s’il existe, que peut-on en dire ? Les trois monothéismes répondent que Dieu existe, qu’il est unique. Qu’il existe un principe au-delà de la multiplicité des choses, des êtres du monde. Le monothéisme chrétien est trinitaire. Le monothéisme juif est électif et différenciant. Le monothéisme musulman est surplombant. Il existe une parenté et quelques différenciations majeures entre les trois monothéismes planétaires. Le judaïsme se comprend comme élection entre les nations. Il renvoie à une parole constitutive, prophétique, toujours reprise, en différence et en continuité. Polarité entre la Loi et un Messie à venir. Le christianisme s’inscrit dans cette disposition. Il réalise la promesse. Jésus est le Messie. Il accomplit ce qui a été promis par les prophètes. L’islam est avant tout prédication du Dieu un, Créateur et Juge final. Il est organisé autour de cinq piliers : il n’y a pas de divinité hors Dieu ; la prière rituelle cinq fois par jour, à heures fixes ; le ramadan ; l’aumône légale et le pèlerinage à La Mecque. Dieu surplombe l’ensemble, laissant peu de place à la subjectivité. Judaïsme, christianisme et islam représentent trois religions du livre, s’adossant chacune à un texte de référence ou constitutif, respectivement la Bible juive, la Bible chrétienne et le Coran. La différence de statut va de pair avec une différence dans le rapport à Dieu ou à la vérité qu’indique ou dont vit chacun des trois livres, ainsi qu’avec une différence dans le rapport que noue à chaque fois le croyant avec le livre. On aura ainsi trois visions de ce qu’on peut appeler l’inspiration du texte ; de même qu’on aura trois modes différents de réceptions ou de lecture du livre, et donc de régulation de lecture. Dans le judaïsme, on tient traditionnellement que l’étude de la Torah équivaut à toute ritualité et prière. Toute la vie religieuse tourne autour du shabbat et de plusieurs fêtes annuelles. Le culte chrétien est centré sur la Bible, un credo qui résume l’ensemble des croyances, et dans des moments symbolico-rituels comme les sacrements. La profession de foi entraîne l’acceptation de l’islam. Le rituel est organisé autour des cinq piliers ci-haut mentionnés. Les trois religions monothéistes ont donné lieu à des déploiements mystiques. Dans la tradition juive, la mystique renvoie à la kabbale. En christianisme, la mystique, même si elle est mêlée de motifs (néo-)platoniciens, gnostiques aussi ailleurs, est foncièrement dépassement du sensible et de l’intelligible. Dieu est celui qui est sans nom, dont personne ne peut bien parler ni bien le comprendre. Dieu est un abîme. En islam, la mystique renvoie principalement au soufisme. Les pratiques soufies combinent l’ascèse à la répétition, des milliers de fois, du nom d’Allah. L’eschatologie (l’après-vie, l’au-delà de l’histoire) est liée à la compréhension du temps. Le thème d’une résurrection est important dans …