Recensions

Richard Foltz, L’Iran, creuset des religions : de la préhistoire à la République islamique. Québec, Les Presses de l’Université Laval (coll. « Études iraniennes »), 2007, 170 p.[Record]

  • André Couture

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  • André Couture
    Université Laval, Québec

La lecture de ce livre exige une certaine conversion. On s’est habitué à imaginer que le « berceau des religions » devait se situer au Proche-Orient ou en Asie du Sud, alors que l’auteur accumule les arguments qui donnent à penser que la contribution des Iraniens en ce domaine en est une de premier plan (p. xvii). Divisé en neuf chapitres portant respectivement sur (1) les origines des religions iraniennes ; (2) le zoroastrisme ; (3) le judaïsme ; (4) le bouddhisme ; (5) le christianisme ; (6) les traditions gnostiques ; (7) l’islam ; (8) le mouvement babiste et la foi baha’ie ; et (9) les religions en Iran aujourd’hui, ce livre couvre toute l’histoire religieuse extrêmement diversifiée de l’Iran et cherche à faire le bilan des études scientifiques réalisées jusqu’ici. L’auteur nous convainc aisément de la capacité d’invention dont cette civilisation a fait preuve. On trouvera par exemple en p. 34 une liste des idées religieuses qui semblent avoir été inventées dans ce pays avant d’être reprises par diverses traditions religieuses. On y compte le monothéisme (voir aussi p. 20), la résurrection corporelle (aussi p. 21), les anges, l’attente d’un sauveur ; également l’auréole, l’envoi de missionnaires, une éthique basée sur le choix moral de l’individu (p. 38). Ce livre n’est évidemment pas dénué d’un parti pris nettement exprimé, et je n’y trouve pour ma part rien à redire. Je m’étonne cependant que l’auteur déplore l’absence d’une « histoire objective du christianisme oriental » (p. 61). Sans doute voulait-il parler d’une histoire qui explicite davantage le rôle important qu’ont joué l’Iran et le christianisme iranien en ce domaine, et alors que je ne peux qu’être d’accord. Le titre du chapitre traitant des traditions gnostiques aurait pu être plus explicite : il traite surtout du mandéisme et du manichéisme, des traditions que la recherche actuelle ne classifie ordinairement plus sous cette rubrique. L’avant-propos explique que ce livre est « une révision à la française » d’un livre d’abord paru en anglais sous le titre Spirituality in the Land of the Noble : How Iran Shaped the World’s Religions (Oxford, Oneworld Publications, 2004), puis en arabe à Beyrouth en 2006 (version légèrement censurée). Richard Foltz est en effet professeur associé au Département des sciences de la religion de l’Université Concordia de Montréal depuis 2006. La présente édition se lit très bien, avec quelques rares coquilles. Une carte de l’Iran et de ses voisins au vie siècle (sans doute, de notre ère) placée au début du livre s’avère fort utile ; d’autres cartes pour d’autres périodes auraient été les bienvenues. Le livre se termine par un glossaire, une bibliographie et un index. Les ouvrages en langue française ont été regroupés à la fin de la bibliographie. Il aurait toutefois été facile de fournir au lecteur francophone une bibliographie plus complète et susceptible de l’aider davantage à découvrir cet immense pays. Par exemple, Jacques Duchesne-Guillemin a écrit un gros article sur « L’Iran antique et Zoroastre » dans l’Histoire des religions I dirigée par H.-C. Puech (Paris, Gallimard, 1970), suivi d’un autre article sur « L’Église sassanide et le mazdéisme » dans le tome II du même ouvrage, des textes plus accessibles que les deux ouvrages cités. Son Ormazd et Ahriman. L’aventure dualiste dans l’Antiquité (Paris, PUF, 1953), bien qu’épuisé, aurait également mérité une place ici. Marijan Molé a publié deux petits livres fort intéressants : L’Iran ancien (Paris, Bloud et Gay, 1965), et Les mystiques musulmans (Paris, PUF, 1965), également épuisés, il est vrai. Eva de Vitray-Meyerovitch (1909-2001) n’est pas non plus citée, alors qu’elle a été une …