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À la fois critique d’art, écrivain prolifique (en moyenne deux ouvrages par an depuis quelque temps), diplomate, poète et par ailleurs biographe de Mahomet, Salah Stétié a construit son oeuvre à partir de sources philosophiques, religieuses et littéraires, ce qui lui permet de faire référence, dans ses conversations avec Gwendoline Jarczyk, à certains de ses auteurs de prédilection, comme Hegel, Novalis, mais aussi Gabriel Bounoure (p. 69). D’origine libanaise (il est né à Beyrouth en 1929) et profondément francophile, Salah Stétié explique dans un entretien central sa difficile quête identitaire, pour ensuite se définir — provisoirement — comme appartenant au type « Méditerranéen », dont la vertu principale serait la « gourmandise » de l’autre, le goût d’aller vers l’autre (p. 108). Lorsqu’il aborde des thèmes mystiques pour parler de ravissement, Salah Stétié cite volontiers François d’Assise, Pascal, Kierkegaard et Ibn Arabi (p. 40). Ses pages sur la littérature restent ici les plus intéressantes ; celles sur la politique et les conflits religieux paraissent nettement plus faibles.

Les propos de Salah Stétié appellent souvent au mythe comme illustration d’une idée prosaïque, et réaffirment la préséance de la littérature universelle pour comprendre les époques : Goethe, Apollinaire, Proust, Joyce, Victor Hugo (p. 160). Ce faisant, il opère constamment une synthèse entre la littérature, la spiritualité, la philosophie, ce qui fait la force de plusieurs passages de ce livre resté méconnu au Canada.