Dossier

In memoriam Lionel PontonAllocution à ses funérailles, 5 juillet 2008[Record]

  • Thomas De Koninck

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  • Thomas De Koninck
    Rédacteur (philosophie) du Laval théologique et philosophique
    Faculté de philosophie
    Université Laval, Québec

Nous venons de perdre un collègue très estimé et un ami très cher, en la personne de Lionel Ponton. Je voudrais exprimer en des termes simples, devant les membres de sa famille et les quelques proches rassemblés ici, à la fois la profonde tristesse que mes collègues et moi-même, ainsi que nos étudiants, nous partageons avec vous, mais aussi notre très vive reconnaissance pour tout ce que nous lui devons, bien au-delà de ce que les mots peuvent parvenir à exprimer. Je parle en même temps au nom de tous ceux et celles qui ne peuvent être ici et maintenant présents, sinon de coeur et en esprit. Nombreux justement sont les collègues et amis, d’anciens étudiants surtout, qui nous ont dit ou écrit, de l’étranger, ou d’ailleurs au pays, qu’ils seraient de tout coeur avec nous. C’est tout particulièrement le cas du Doyen de la Faculté de philosophie de l’Université Laval, Luc Langlois, qui m’a vivement prié de vous en faire part. Le mot qui me revient avec le plus d’insistance, pour qualifier la vie et l’oeuvre de Lionel Ponton, est le mot « générosité ». Déjà lorsqu’il était professeur à l’École Normale, avant de le devenir à l’Université, il aidait des étudiants à poursuivre leurs études, même financièrement, permettant ainsi à certains d’accéder ultérieurement à des postes d’enseignants même, jusqu’à l’Université. Mais sa générosité se manifestait plus profondément encore par son dévouement exceptionnel à l’enseignement et à la recherche, spécialement dans la direction de thèses de doctorat et de mémoires de maîtrise, auprès d’une quantité imposante d’étudiantes et d’étudiants de première qualité, au fil des années, toujours avec le même soin attentif, la même conscience, consacrant d’innombrables heures à les guider, les évaluer, les conseiller, faisant souvent la recherche pertinente à leur place, dans un premier temps à tout le moins, pour les aider à démarrer. Lors des soutenances de thèses, ses interventions étaient toujours soigneusement préparées et s’avéraient des moments forts. Il a fait montre d’un dévouement analogue, pendant de longues années, à titre de rédacteur de la partie philosophique du Laval théologique et philosophique (maintenant le LTP), et dans la direction répétée de cette même revue. Sa contribution, là encore, aura été d’une fécondité inestimable. Pareil dévouement n’aura jamais connu de répit jusqu’à sa mort, le 25 juin dernier, même s’il avait pris une soi-disant « retraite » il y a longtemps. Il venait d’entrer dans sa 79e année, étant né le 14 juin 1930. Les jurys de thèse allaient pourtant se multipliant au cours de ses dernières années, tant sa vaste culture et son exceptionnelle compétence professionnelle le rendaient plus apte que la plupart à la tâche, à ce niveau exigeant. Il en allait de même pour l’évaluation d’articles soumis à des revues savantes comme le LTP. Ici encore, son érudition, son esprit critique (comme il se doit, en philosophie), son style incisif, sa droiture, mais aussi, je le répète, son dévouement, expliquent qu’on ait tant fait appel à lui. Il n’aura jamais connu de vraie « retraite », et il faut s’en réjouir, pour peu que l’on songe à tous ceux et celles qui, jusqu’à hier encore, ont si grandement bénéficié de sa sagesse. C’était un professeur très aimé de ses étudiants, dès l’École Normale et à l’Université encore. Brillant, plein d’ironie et d’humour, amoureux de la belle langue française, éloquent, passionné de vérité. La polémique ne lui répugnait pas, au contraire, mais elle visait en son cas les questions de fond, jamais les personnes comme telles. Les querelles stériles le chagrinaient. Il était trop authentique pour être mesquin, même s’il aimait …