Recensions

François Bousquet, dir., Les grandes révolutions de la théologie moderne. Avec la collaboration de Philippe Bordeyne, Paul De Clerck, Dominique Greiner, Jean-Michel Maldamé, François Nault, Charles Perrot, Gilles Routhier, Laurent Villemin. Préface par Henri-Jérôme Gagey. Paris, Bayard, 2003, 310 p.[Record]

  • F. Danny Roussel

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  • F. Danny Roussel, s.c.
    Université Laval, Québec

Faire la synthèse d’un siècle de théologie n’est pas un travail facile. Voilà pourtant l’objectif que se sont donné huit chercheurs qui ont composé chacun un chapitre de ce livre. Les grands domaines de la théologie sont ainsi abordés l’un après l’autre dans une suite de synthèses dont le but général est, selon les mots d’Henri-Jérôme Gagey dans sa préface, de montrer le « travail d’intelligence » que la théologie a accompli pour surmonter « le fossé qui sépare le christianisme et la raison moderne » (p. 5). Le premier chapitre, rédigé par Jean-Michel Maldamé, traite des relations entre Église et science. L’auteur commence son exposé à la fin du xixe siècle pour montrer comment les tensions entre science et catholicisme sont typiquement modernes. La science devient une arme contre l’Église dans une lutte de pouvoir. Contre cette tendance, la science catholique tentera de réfuter le scientisme au nom de la science et de retrouver dans la Tradition de quoi accueillir les résultats de cette dernière. D’abord suspectés par les autorités romaines, les scientifiques catholiques verront leur parole davantage libérée par la fondation de l’Académie pontificale des sciences par Pie xi. Néanmoins, jusqu’à Vatican ii, le dialogue entre catholicisme et science est teinté d’apologétique d’un côté comme de l’autre. Avec le concile, la science se voit reconnaître son autonomie. Le dialogue entre foi et science ne se fait plus sur le plan métaphysique, mais sur celui de la dignité humaine. En effet, face aux développements de la théorie synthétique de l’évolution, de la sociobiologie, des neurosciences, de la mécanique quantique, de la théorie du chaos, etc., le Magistère ne cesse de promouvoir la notion de personne. Le chapitre suivant porte sur l’épopée biblique et est écrit par Charles Perrot. Si les chrétiens ont toujours eu un certain regard critique sur la Bible, la prise en compte de l’historicité des récits date des temps modernes. À l’aube du xxe siècle, plusieurs questions sont suscitées par les erreurs de la Vulgate latine, les contradictions entre les récits bibliques, l’authenticité littéraire, les genres littéraires, etc. Les exégètes tentent alors de produire un texte différent de la Vulgate, de s’intéresser aux différentes langues de l’époque, d’effectuer des recherches archéologiques et de faire la « critique des sources ». Cependant, la crise moderniste vient freiner les élans du côté catholique. Les médiations de la langue et de la culture ne sont pas prises en compte : le récit photographie l’événement. Du côté protestant, Bultmann, avec son processus de démythisation, place le Jésus de l’histoire à distance du Christ de la foi pascale. Il insiste sur l’influence de la gnose hellénistique sur les récits évangéliques, contrairement à Käsemann, son élève, qui insiste sur l’apocalyptique. Si du côté protestant l’exégèse se développe bien, il faudra attendre, du côté catholique, la publication par Pie xii de l’encyclique Divino afflante spiritu, considérée depuis comme la charte des études bibliques. Vatican ii continuera sur cette lancée en insistant sur la vérité de l’Écriture sans tomber dans l’ancien travers de l’inerrance biblique. Depuis le concile, il est devenu plus difficile de distinguer entre l’exégèse catholique et l’exégèse protestante. De plus, les rapports entre les exégètes et l’autorité sont plus sains. Avec les années 70, de nouvelles approches bouleversent l’exégèse : approche structuraliste, structurelle, rhétorique, narrative, socio-religieuse, etc. L’herméneutique est devenue plurielle. Gilles Routhier, en collaboration avec François Nault, offre une synthèse bien ciselée de la théologie au xxe siècle. Le texte commence avec un parallèle entre Barth et Maritain. Ceux-ci ont tous deux refusé la société moderne suite à la Première …