Recensions

Hermann J. Pottmeyer, Le rôle de la papauté au troisième millénaire. Une relecture de Vatican I et de Vatican II. Traduit de l’allemand par Joseph Hoffmann. Paris, Les Éditions du Cerf (coll. « Théologies »), 2001, 192 p.[Record]

  • Gilles Routhier

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  • Gilles Routhier
    Université Laval, Québec

Les ouvrages récents sur la papauté ne manquent pas. Comme quoi l’invitation de Jean-Paul II à « tous les pasteurs et théologiens de nos Églises » à entrer en dialogue avec lui « afin que nous puissions chercher » les formes dans lesquelles la papauté pourrait être exercée (Ut unum sint, nos 95-96) a rencontré un large écho. En plus des actes d’un symposium théologique tenu au Vatican sous le patronage de la Congrégation pour la doctrine de la foi et publié sous le titre Il primato del Successore di Pietro (1997), on pense notamment aux ouvrages de P. Hünermann, dir., Papstamt und Ökumene. Zum Petrusdienst an der Einheit aller Getauften (1997) ; A. Acerbi, Il ministero del Papa in prospettiva ecumenica (1999) ; John R. Quinn, The Reform of the Papacy. The Costly Call to Christian Unity (1999), ouvrage que nous avons recensé dans un précédent numéro, P. Thion, dir., Changer la papauté ? (2000) ; R. Pesch, Die biblischen Grundlagen des Primats (2001) ; et H. Schütte, dir., Im Dienst der einen Kirche. Ökumenische Überlegungen zur Reform des Papstamts (2001). Cela, sans compter les numéros monographiques de certaines revues, en particulier les revues oecuméniques. Cette production théologique, qui a en commun une préoccupation oecuménique similaire nous a même suggéré d’ouvrir une nouvelle chronique dans ces pages pour faire écho à cette recherche sans précédent, projet que nous avons finalement dû abandonner. Sans négliger les autres ouvrages, il demeure toutefois que s’il ne fallait retenir qu’un seul ouvrage parmi toute cette production, celui de Pottmeyer s’imposerait d’emblée. Pas étonnant que cet ouvrage, d’abord paru en anglais en 1998, ait par la suite connu une traduction en allemand, en italien et en français. De manière claire et synthétique, le théologien émérite de Bochum nous permet de parcourir, en sept courts chapitres, plus d’un siècle de débats sur la papauté. L’option de Pottmeyer est de montrer qu’il n’y a pas d’obstacles dogmatiques qui empêcheraient de penser les choses autrement et de sortir du centralisme dans lequel s’emprisonne aujourd’hui l’Église catholique, si bien qu’une réforme du mode d’exercice de la primauté n’induit ni une relativisation, ni une négation du dogme de Vatican I repris à Vatican II. Suivant l’A., si la définition de Vatican I demeure une définition valable et possible du ministère pétrinien et de son autorité — la seule jugée adéquate par la majorité des Pères de Vatican I, cela, dans un autre contexte — il faut aujourd’hui reconsidérer des manières différentes de formuler et d’exercer le ministère de Pierre, manières qui appartiennent également à la tradition catholique. Pour établir sa thèse, Pottmeyer nous propose un parcours dynamique qui nous fait reprendre le débat un peu en amont du concile Vatican I en présentant, sous la forme de trois traumatismes, les défis lancés à l’Église catholique avant l’ouverture du concile : le gallicanisme, le système des Églises d’État et les idéologies qui montaient en puissance que sont le rationalisme et le libéralisme. Ce premier parcours est tout à fait capital puisque, comme on le démontre ici, la majorité conciliaire pensait en termes stratégiques (faire face aux divers traumatismes qui menaçaient l’Église) plutôt qu’en termes théologiques, et que, suivant les règles classiques d’herméneutique des déclarations conciliaires, n’est visé et condamné par une proposition que ce que l’on visait et désirait condamner. Chemin faisant, l’A. nous fait voir comment, à l’arrière-plan de la façon de concevoir la primauté à Vatican I, se trouve le concept moderne du pouvoir politique souverain qui s’étend à tout. Ce concept moderne de philosophie politique va passer dans …

Appendices