Comptes rendus

Émile-Michel Hernandez Cormelles-le-Royal, L’entrepreneur. Une approche par les compétences, Éditions EMS, Management et société, coll. « Regards sur la pratique », 2010, 224 p.[Record]

  • Michel Marchesnay

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  • Michel Marchesnay
    ERFI, Université de Montpellier

La fécondité comme l’engagement en faveur de la recherche en entrepreneuriat du professeur Hernandez sont bien connus. En à peine une décennie, il aura en effet publié, chez divers éditeurs, quatre ouvrages consacrés respectivement à l’entrepreneuriat, au processus entrepreneurial, à l’entrepreneur comme décideur (avec Luc Marco) et, enfin, à l’entrepreneur « approché » par les compétences. Parallèlement, il occupe une place éminente au sein de l’Académie de l’entrepreneuriat, laquelle s’est fixé le projet de promouvoir des recherches « praticables », utiles aux entrepreneurs comme aux étudiants et aux chercheurs. Comme il le fait dans l’introduction de ce nouvel ouvrage, il se plaît à rappeler qu’il fut lui-même entrepreneur, alors qu’actuellement en poste à l’Université de Reims, il dirige l’Institut de recherches en gestion. Ses ouvrages révèlent la trace de cette quadruple compétence, d’entrepreneur, de pédagogue et de théoricien, mais aussi de cadre, ce dont l’ouvrage dont nous rendons compte porte la marque. Il est publié aux Éditions EMS, lesquelles s’attachent à diffuser des connaissances praticables, destinées autant à un public d’étudiants ou d’élèves que de candidats à la création d’entreprise, mais également de consultants et autres conseillers d’entreprise. Michel Hernandez précise d’emblée que son ouvrage sera centré sur la question des compétences attendues de la part d’entrepreneurs, ou de personnes auxquelles on demande d’acquérir ou de développer des compétences dites « entrepreneuriales ». Il souligne le fait que cette notion de compétence ne serait, assez paradoxalement, guère exposée sui generis, en tant que telle, comme le révélerait une enquête consacrée à ce mot clé dans des revues nord-américaines. Ce faisant, il confirme bien cette difficulté puisque son ouvrage, classiquement divisé en deux parties, chacune ayant deux sous-parties, ne comprend le terme de compétence dans l’intitulé qu’à la page 112, et seulement pour un paragraphe traitant d’« un problème de compétence » du cadre-entrepreneur. De fait, la teneur de l’ouvrage confirme le sentiment qu’il s’agit moins d’une approche « par », que « des » compétences elles-mêmes, au travers d’une lecture foisonnante, érudite de travaux de toutes natures. Conformément à son style habituel, l’auteur a recours à des théories et des modèles (des « paradigmes ») exposés par des auteurs généralement bien connus. Cette présentation des principales recherches sur une question précise, appuyée sur des tableaux et des schémas de synthèse, qu’il s’agisse de modèles classiques ou d’avancées récentes, constitue une manne pour le lecteur qui souhaite obtenir une information praticable, d’autant plus que certains d’entre eux ne sont pas facilement disponibles, qu’il s’agisse par exemple de communications ou de papiers de recherche, ou d’ouvrages nord-américains un peu anciens. La démarche générale de l’ouvrage s’appuie sur l’assertion selon laquell l’acte d’entrepreneuriat se traduit, voire se définit par la création d’une organisation. Ce prédicat est formulé à la page163 (« pour nous, comme pour William Gartner […], le paradigme essentiel est celui de la création d’organisation »). Cependant, dans une note en bas de la même page, l’auteur précise que « ce choix paradigmatique ne fait pas l’unanimité. Aujourd’hui, le paradigme dominant est sans conteste possible celui de la détention d’opportunité […]. En France, Christian Bruyat […] et Alain Fayolle […] préfèrent, eux, celui de la création de valeur ». À l’appui de cette observation, on peut avancer que l’entrepreneuriat est en passe de se constituer en « matrice disciplinaire », au sens de Kuhn-Lakatos, dont l’« heuristique négative » (noyau dur) se construit autour de notions communément admises (common knowledge) par les chercheurs en entrepreneuriat. Une fois, donc, admis ce prédicat, le propos se décompose en deux parties, à savoir l’« émergence », puis le « comportement » …