Abstracts
Résumé
Parmi les sources narratives du haut Moyen Âge, les vies de saints missionnaires apparaissent comme particulièrement appropriées pour l’étude des affects, en raison des tensions que la volonté de conversion suscite. Les missions carolingiennes, essentiellement tournées vers les marges nord de l’empire (Saxe, Frise, Scandinavie), nécessitait des établissements de soutien à proximité du front d’activité de la mission en terre païenne. Ces établissements étaient situés pour la plupart dans des territoires christianisés depuis peu. De ce fait, leur fonction de soutien se doublait d’une fonction de correction d’un christianisme qui manifestait parfois des signes de syncrétisme. Leoba (†782) est précisément l’une des chevilles ouvrières de cette mission intérieure puisqu’elle fut la première abbesse de l’une des plus anciennes abbayes féminines implantées au coeur d’une Saxe dont la conversion au christianisme demeurait alors encore inachevée. Il s’agit ici de présenter une étude de cas méthodologique, relative à un extrait de la Vita Leobae, rédigée par le moine Rudolf en 836 dans le but de mettre en lumière les différentes manières d’appréhender les affects.