Abstracts
Résumé
Depuis les années 2000, le cinéma d’horreur européen assume un retour au genre et à ses figures, se distinguant ainsi de la réflexivité du métacinéma d’épouvante pratiqué depuis les années 1980. Les contours d’une néohorreur se dessinent, notamment dans le cinéma français, à partir d’une forme de frontalité présente dans des films comme Haute tension (Aja), Sheitan (Chapiron), À l’intérieur (Maury et Bustillo), Martyrs (Laugier), Frontière(s) (Gens) ou Calvaire (du Welz). L’analyse de ces scénarios ouvertement sadiques, déclinant les formes de la claustration et de la mauvaise rencontre, révèle un discours sur la violence propre à ce cinéma, à ses spécificités figuratives et aux options formelles caractéristiques de son montage. L’auteur du présent article interroge la fascination que peuvent exercer ces récits d’ensauvagement, où l’archaïque et l’atavique constituent autant d’épreuves pour les personnages. Il examine également la récurrence de certains motifs obsédants, comme les collections de poupées et d’automates, les capharnaüms d’objets au rebut qu’un étrange naturalisme associe aux mondes ruraux, à la solitude des zones frontalières, aux régions industrielles désertées ou aux arrière-pays attardés.
Abstract
In the 2000s, European horror films returned to the genre’s classic style and devices, unlike the reflexivity found in the meta-cinematic thrillers produced since the 1980s. The outlines of a neo-horror genre began to take shape, particularly in French cinema, out of a kind of frontality present in films such as Haute Tension (High Tension, Aja), Sheitan (Chapiron), À l’intérieur (Maury and Bustillo), Martyrs (Laugier), Frontière(s) (Gens) and Calvaire (du Welz). An examination of the openly sadistic scripts of these films—variations on the themes of confinement and ill-fated encounters—reveals a discourse on violence unique to this kind of cinema and to the representational peculiarities and formal options found in its editing. The present article enquires into the fascination that these stories of people gone wild can exert, in which the archaic and the atavistic put the films’ characters to the test. The article also analyses the recurrence of certain haunting motifs, such as collections of dolls and automatons or rooms full of discarded objects that a strange form of naturalism connects with rural life, the solitude of frontier zones, deserted industrial areas or backward hinterlands.
Appendices
Bibliographie
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