Comptes rendus bibliographiques

KADRI, Boualem et PILETTE, Danielle (2016) Le tourisme métropolitain renouvelé. Québec, Presses de l’Université du Québec, 174 p. ISBN 978-2-76054-645-5[Record]

  • Lionel Prigent

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  • Lionel Prigent
    Institut de Géoarchitecture, Brest (France)

Ce livre est court – 174 pages –, vif, illustré de tableaux statistiques et de quelques encadrés décrivant des exemples. Sans doute vient-il à point nommé pour éclairer les politiques de la plupart des grandes villes mondiales, de plus en plus engagées dans une démarche d’attractivité globale, dont le tourisme est devenu une des composantes habituelles. Ces mégalopoles concentrent les aménités urbaines (cadre de vie, culture, éducation), rivalisent d’initiatives pour le développement durable et recherchent la distinction de leur territoire, par des labels et l’inscription à des listes (celle du patrimoine mondial de l’organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture [UNESCO] restant la plus prisée), par des désignations (Capitale européenne de la culture, ville olympique, etc.). L’ouvrage est écrit par Boualem Kadri  et Danielle Pilette  pour discuter deux objets d’étude : le tourisme, comme fait social et sociétal et le développement urbain, notamment dans son évolution la plus récente, qui est la métropolisation. Le propos ambitionne une mise en perspective tant épistémologique qu’historique, d’où sans doute le titre qui peut se comprendre en double lecture. Les auteurs posent deux hypothèses : « aujourd’hui, les transformations touchent autant les villes des sociétés industrielles que celles des économies émergentes. Et les villes se caractérisent par des transformations qui leur sont propres », parmi lesquelles un nouveau tourisme urbain (p. 2). Les dynamiques métropolitaines envisagées porteraient donc sur toutes les grandes villes du monde qui agiraient en relative autonomie par rapport à leur territoire national. L’ouvrage comprend cinq chapitres. L’ouverture expose le contexte et la problématique : comment ont été envisagés les phénomènes de villes et de métropoles dans l’histoire, mais aussi comment ont évolué les recherches sur le tourisme, puis quelles sont les transformations dans les relations entre ces deux sujets. Le texte revient ensuite sur la relation entre pratiques, effets économiques et spatiaux et analyses scientifiques, avant d’examiner plus précisément l’essor des métropoles mondialisées et des hypermétropoles. Il est temps alors de revenir au tourisme et à sa place nouvelle, non plus comme une activité saisonnière et complémentaire, mais comme le moteur d’une stratégie globale d’attractivité mise en oeuvre tant par les échelles locales que nationales. L’ouvrage conclut sur la diversité des attentes et des pratiques et envisage les évolutions futures du tourisme métropolitain, soulignant peut-être en filigrane ses propres limites. Puisque le tourisme réclame une part d’aventure et d’innovation, le succès du tourisme métropolitain n’appelle-t-il pas les conditions de son propre dépassement ? Le lecteur retrouve certaines des hypothèses en vogue : les travaux de Richard Florida (2002) sur la classe créative et la ville créative, mais aussi le lien entre produit intérieur brut (PIB) et taille des villes, la désindustrialisation, l’essor des loisirs. Les auteurs de référence se succèdent : Lipovetsky, Lyotard, Asher, Veltz, Viard, etc. Du côté des études touristiques, l’hypothèse retenue est celle d’une pratique à la fois diffusée dans le monde et ancienne, entendant rompre avec une vision réputée « européenne » de l’invention du tourisme. L’ouvrage recense ainsi la pluralité des échanges, des accueils de population dans les villes, qui sont autant de prémices des formes contemporaines de tourisme. Cet élargissement conceptuel défend une lecture de la mondialisation qui associerait un tourisme postmoderne et une hypermodernité métropolitaine. Ce faisant, les auteurs relient les concepts de ville, de métropole, de tourisme et de postmodernité. Le propos s’appuie sur de nombreuses références bibliographiques qui font démonstration. Si le rappel de ces notions et de leur place dans les débats scientifiques actuels est bienvenu, il suscite cependant un regret : qu’il ne soit pas fait écho aux nombreuses critiques et limites que ces théories …

Appendices