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Fière de son indépendance (1968) et de ses succès économiques des années 1980 et 1990 (« miracle mauricien »), l’île Maurice s’est imposée comme destination touristique reconnue mondialement, comme une petite économie fort dynamique et attrayante pour de nombreux investisseurs étrangers, ainsi que comme un État qui a su prendre sa place dans le concert des nations, tant sur la scène régionale que sur la scène internationale. Pourtant, cette île n’a fait l’objet que d’un nombre très limité d’analyses globales portant sur l’ensemble de ses réalités, qu’elles soient historiques, démographiques, socioculturelles, politiques, économiques, territoriales ou environnementales. C’est dans ce contexte que l’équipe de chercheurs réunis sous la direction de Jean-Michel Jauze nous propose L’île Maurice face à ses nouveaux défis. Majoritairement constituée des membres du Centre de recherches et d’études en géographie de l’Université de La Réunion (CREGUR), l’équipe d’une vingtaine d’auteurs est complétée par d’autres collègues de l’Université de La Réunion ainsi que par des collègues mauriciens (Université de Maurice, IELS).

L’ouvrage a l’ambition de « combler un vide de connaissance sur ce territoire [et d’] éclairer un certain nombre d’interrogations sur sa situation actuelle et son devenir » (p. 9), deux objectifs qui sont dans l’ensemble pleinement atteints. Structuré en 6 chapitres regroupant un total de 22 textes, le portrait des différentes réalités de l’île s’articule autour de l’explication des situations présentes. Il met aussi en évidence les mutations en cours, les enjeux contemporains et les défis qui devront être relevés pour que l’île puisse poursuivre son développement socioéconomique, et ce, dans le contexte où les avantages structurels et conjoncturels dont elle a su pleinement profiter sont largement remis en cause. Si la plupart des textes sont excellents, on notera tout de même que certains le sont moins et que les conclusions sont souvent courtes et quelque peu décevantes. On regrettera également que la plupart des photos et quelques cartes soient affectées par une médiocre qualité d’impression.

En ce qui concerne le contenu, les 22 textes couvrent un vaste éventail de sujets, depuis le premier traitant des représentations cartographiques et perceptions spatiales historiques (XVIe au XIXe siècles) jusqu’au dernier portant sur la politique extérieure, les principales relations internationales et l’intégration régionale de Maurice. Entre autres, les deux chapitres consacrés aux activités économiques et aux défis de la mondialisation se complètent et mettent en lumière les grands enjeux liés aux évolutions économiques, de l’indépendance à aujourd’hui (sucre, tourisme, zone franche/textile, services financiers offshore/global business, port franc, NTIC/cyber-cité) avec une ouverture sur le futur (cyber-île, Sea Food Hub, Integrated Resort Scheme, Duty Free Island). Cependant, il reste quelques sujets importants qui auraient mérité d’être analysés plus en profondeur tels que l’état des récifs coralliens et du lagon, le contexte énergétique global, la stratégie nationale de développement durable, voire les impacts attendus des changements climatiques et, surtout, la situation sociale dont on dit qu’elle se dégrade (p. 346) alors que les inégalités sociales risquent de compromettre la stabilité du pays (p. 369). Quoi qu’il en soit, cet ouvrage nous présente Maurice d’une manière objective et représente une contribution scientifique bienvenue sur cette île et cette société insulaire qui constituent un terrain fertile dans le cadre des études sur les territoires insulaires en général et sur les petits États et territoires insulaires en particulier.