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Globalisation et institution métropolitaine à Lyon : quels enseignements pour les nouvelles municipalités au Canada?[Record]

  • Bernard Jouve

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  • Bernard Jouve
    Titulaire de la Chaire de recherche du Canada
    en études des dynamiques territoriales
    Université du Québec à Montréal
    jouve.bernard@uqam.ca

Depuis quelques années, les thèmes de la métropolisation et du lien entre globalisation et politiques urbaines sont devenus des objets centraux particulièrement investis par les sciences sociales. De fait, la métropolisation est certainement l’un des processus qui a le plus marqué les villes au cours de la dernière décennie. C’est du moins un processus qui structure très largement l’agenda politique des villes européennes. Pour preuve, l’importance et le retentissement d’ouvrages comme ceux de S. Sassen qui aborde la question sous un angle économique (Sassen, 1996) ou de M. Davis sous l’angle des modes de vie (Davis, 1990). Les origines de ce processus sont désormais bien étudiées, le nombre de travaux scientifiques relatifs à la question étant en rapport avec son importance : globalisation de l’économie et des échanges, développement de nouvelles technologies de communication, évolution du capitalisme moderne, évolution des modes de vie notamment à travers la tendance à l’uniformisation des représentations et des normes sociales (Cox, 1997; Held, McGrew, Goldblatt et Perraton, 1999). Les différentes approches utilisées pour qualifier ce processus de métropolisation retiennent en général quatre éléments essentiels (Lacour et Puisant, 1999) : Contrairement à ce que suggérerait une lecture déterministe , la métropolisation ne s’impose pas aux acteurs locaux – notamment aux élus – mais elle s’accompagne d’une recomposition interne de la sphère politique et de l’articulation entre celle-ci et les intérêts économiques localisés (Bagnasco et Le Galès, 1997). C’est surtout cette dernière question qui constitue la trame de la présente note qui a pour base empirique l’agglomération de Lyon, deuxième ville française avec 1,3 million habitants et qui est la capitale de la région Rhône-Alpes (5,2 millions d’habitants). Au-delà de la portée proprement économique de la métropolisation, l’objectif est ici de comprendre en quoi ce processus remet en question les systèmes de représentation d’intérêts publics et privés ou, pour reprendre une notion très utilisée ces dernières années, en quoi le mode de gouvernance se transforme (DiGaetano et Klemanski, 1999). Après avoir détaillé les bases économiques de la métropolisation à Lyon, on s’attachera aux origines d’une procédure lancée en 1997 par la Communauté Urbaine de Lyon (également appelée « Grand Lyon ») – le Schéma de Développement Économique – qui vise à renforcer l’internationalisation et la compétitivité économique de l’agglomération. Enfin, on montrera comment cette procédure donne à voir une recomposition du système de gouvernance qui remet en cause directement la capacité des pouvoirs publics à piloter le développement de l’agglomération. Ce texte prolonge une note publiée dans cette même revue en 2001 (Jouve, 2001a). On avait insisté précédemment sur l’instabilité des mécanismes de médiation public/privé. On voudrait ici davantage problématiser le propos en montrant qu’y compris dans un cadre métropolitain piloté politiquement par une institution faîtière – la Communauté Urbaine de Lyon –, la métropolisation conduit à une fragmentation des intérêts privés. L’exemple de Lyon permet donc de dégager des pistes de réflexion et d’étude pour les grandes villes québécoises dont la structure institutionnelle a été réformée par les autorités provinciales depuis le 1er janvier 2002. On sait que les fusions municipales, au Québec comme en Ontario (Collin, Léveillée et Poitras, 2002), ont été réalisées en fonction de « l’impératif » d’adapter les institutions locales au défi de la globalisation et de la compétition des villes. À partir des éléments empiriques mobilisés dans le cas lyonnais, on voudrait montrer que cette rationalisation de la carte administrative est insuffisante à elle seule pour faire face à cet enjeu. Il convient de restructurer, certes, les institutions publiques locales, mais également les canaux de médiation entre ces institutions et la sphère du monde de l’entreprise dont les instances …

Appendices