Chronique bibliographique

Xavier Aurey (dir.), Les cliniques juridiques, Caen, Presses universitaires de Caen, 2015, 240 p., ISBN 978-2-84133-749-1[Record]

  • Érick Sullivan

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  • Érick Sullivan
    Université Laval

Deux ans après avoir assumé la codirection scientifique du Colloque international sur les cliniques juridiques, Xavier Aurey dirige la publication de cet ouvrage collectif sur le sujet. Ce jeune chercheur français achève ainsi sa plus importante contribution scientifique au domaine de l’enseignement clinique du droit auquel il s’intéresse depuis 2008. L’ouvrage est riche des textes d’experts et d’acteurs de l’enseignement clinique. Il nous transporte aux quatre coins du monde pour découvrir les différentes manifestations de cette pédagogie, jetant un regard plus attentif sur certains pays de l’Amérique du Nord et de l’Europe, dont les États-Unis et la France. Cette approche comparative et les perspectives croisées qui en découlent trahissent la volonté d’Aurey d’étudier ce qui se dit et se fait à l’extérieur de la France et en France sur l’enseignement clinique du droit afin de nourrir la réflexion naissante sur la place de cette pédagogie dans les universités et la société françaises, et de contribuer plus globalement à l’essor français et mondialisé du mouvement clinique. Faisant office de chapitre introductif, l’article de Xavier Aurey, intitulé « Les origines du mouvement clinique » (p. 7), nous plonge dans l’histoire américaine de l’éducation du droit et sa littérature pour retracer les origines du mouvement clinique et en souligner les principales phases de développement. Passage obligé de toute personne qui s’intéresse à l’enseignement clinique du droit, ce chapitre dépeint les États-Unis comme les pionniers en cette matière, rejoints au cours du xxe siècle par l’Amérique latine, l’Afrique anglophone, le Royaume-Uni et l’Europe de l’Est. L’essor du concept s’inscrivait alors principalement en réaction à la méthode autrefois prédominante de Langdell. Après ce tour d’horizon, Aurey s’intéresse à l’Europe occidentale et à la France, en particulier, qui ont boudé le concept jusqu’au tournant du xxie siècle. Cette « petite histoire des cliniques juridiques », comme l’auteur l’appelait lors de sa communication au Colloque de Caen, permet au lecteur d’acquérir les repères essentiels à la compréhension du sujet – qu’il n’est pas facile de définir clairement en raison de l’asymétrie de ses manifestations – et de s’engager avec sérénité dans la lecture de l’ouvrage. Pour compléter son panorama de l’enseignement clinique aux États-Unis, au Canada, en Europe et en France, Aurey regroupe, dans le premier chapitre, un quatuor d’auteurs qui nous plongent dans les détails de ces quatre scènes nationales et régionales plutôt hétérogènes. Dans la première section de ce chapitre, Serge Slama, dont le texte a pour titre « Les cliniques juridiques aux États-Unis : un modèle reproductible ? » (p. 21), corrobore et approfondit le schème du développement des cliniques juridiques aux États-Unis dressé plus tôt par Aurey, en replaçant le mouvement clinique dans les critical legal studies du mouvement réaliste américain, où le droit et les cliniques sont perçus comme « un levier pour défendre les pauvres et remédier aux inégalités » (p. 28). Observant que « les facultés de droit rencontrent […] une crise de leur financement […] et de leurs débouchés » (p. 31) qui remet en question la place de l’enseignement clinique dans les universités américaines et pousse ces dernières à innover, Slama aborde prestement la question de l’indépendance des cliniques juridiques avant d’émettre des doutes sur la possibilité de transposer ce modèle en France. En effet, la structuration de l’enseignement du droit, les moyens financiers limités des universités, le monopole de la représentation juridique que détiennent les avocats et l’impossibilité, pour les professeurs, d’ester contre une personne publique en France sont autant d’obstacles à l’enracinement de l’enseignement clinique. Puis Bernard Duhaime, dans son texte intitulé « Les cliniques juridiques : l’expérience canadienne » (p. 37), précise que …

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