Chronique bibliographique

Andrée Lajoie, Le rôle des femmes et des aînés dans la gouvernance autochtone au Québec, Montréal, Thémis, 2009, 171 p., ISBN 978-2-89400-279-7.[Record]

  • Geneviève Motard

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  • Geneviève Motard
    Université Laval

C’est avec un véritable enthousiasme et une grande curiosité que nous avons entamé la lecture du plus récent ouvrage de la professeure Andrée Lajoie, intitulé Le rôle des femmes et des aînés dans la gouvernance autochtone au Québec et paru en 2009 aux Éditions Thémis. Le sujet choisi, très emballant, semble fort pertinent dans un contexte où, avec raison, les Premières Nations et la nation inuite revendiquent une plus grande autonomie dans tous les aspects de leur vie collective. Le principal objectif poursuivi par l’auteure est de vérifier si la place qu’occupent les femmes et les aînés dans les institutions gouvernementales autochtones contemporaines est le reflet de la tradition et de l’appartenance de leur nation respective à une famille linguistique particulière. L’analyse de l’auteure s’inscrit dans la poursuite de ses travaux antérieurs, notamment des modèles de gouvernance présentés dans un ouvrage publié précédemment1, modèles qu’elle cherche ici à raffiner et à valider. Mentionnant son hypothèse de travail dès les premières pages de l’ouvrage, l’auteure l’énonce comme suit : En dépit de la définition de la normativité qu’elle adopte, l’auteure s’attache principalement à présenter le rôle des aînés et des femmes dans les institutions politiques. Ainsi, le rôle des femmes et des aînés dans la transmission des connaissances culturelles, linguistiques et historiques, et donc des normes suivant la définition qu’en donne l’auteure, n’est pas étudié dans l’ouvrage. L’auteure procède tout d’abord à une analyse statistique, laquelle présente le nombre de femmes et d’aînés dans chacun des organismes gouvernementaux autochtones (à l’échelle communautaire, nationale et intercommunautaire), regroupe ensuite ces données par familles linguistiques et présente finalement une synthèse de ces données. Le premier chapitre donne une très succincte mais fort efficace introduction aux institutions autochtones contemporaines qui sont, d’une part, créées par l’État (ex. : conseils de bande, conseils tribaux) et, d’autre part, créées par les communautés et par les nations (ex. : longhouses, conseils des aînés, conseils des sages, mères de clan). À cet égard, l’auteure relève que le consentement des membres des communautés a permis à la grande majorité des Premières Nations et à la nation inuite de mettre sur pied des organismes prenant leur source dans les traditions de chaque nation, et cela, même si la création de ces organismes peut avoir été entérinée officiellement par la suite, notamment par règlement du conseil de bande (ex. : Cercle des Sages de la Nation huronne-wendat). L’auteure présente aussi le statut, le mandat et la composition des principaux organismes englobants (ex. : Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador (APNQL), Femmes autochtones du Québec, centres d’amitié autochtone), dont certains sont des organismes hybrides, car non incorporés par le droit étatique, comme nous l’avons appris à la lecture de l’ouvrage (c’est le cas notamment de l’APNQL). Enfin, nous avons apprécié le choix qu’a fait l’auteure de présenter un organisme en émergence, soit le Conseil des femmes autochtones élues du Québec / Labrador. Dans les deux chapitres suivants, l’auteure décrit en détail les institutions de chaque communauté et de chaque nation en les regroupant par leurs familles linguistiques respectives de façon à vérifier, suivant en cela son hypothèse de départ, si la place des femmes et des aînés dans les institutions contemporaines subit l’influence de la tradition et de la culture (algonquienne, iroquoienne ou inuite) de la nation ou de la communauté. À ces descriptions, s’ajoute une courte synthèse, dans laquelle l’auteure conclut à une opposition entre « les pratiques de gouvernance des femmes, qui semblent privilégier la participation aux conseils tribaux, aux conseils de bande et aux organismes contemporains transversaux, et n’ont investi que de très rares organismes traditionnels, et …