Dossier : Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidaritéTémoignages : les amis du Chili

Mon appui à Allende et au Chili

  • Louise Harel

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Couverture de Québec-Chili, 1973-2023 : mémoire d’un coup d’État et d’une expérience de solidarité, Volume 31, numéro 1-2, été–automne 2023, p. 7-331, Bulletin d'histoire politique

Je suis née à Blainville en 1946. J’ai fait des études en sociologie et j’obtins plus tard une licence en droit à l’Université de Montréal. À l’époque de l’Unité populaire, j’avais une certaine expérience politique, ayant été élue vice-présidente de l’Union générale des étudiants du Québec en 1968. J’avais participé à la grève étudiante d’octobre 1968, à côté de Gilles Duceppe et de Claude Charron. Je m’intéressais aussi à la politique internationale, prenant part aux manifestations contre la guerre du Vietnam, contre l’emprise des États-Unis en Amérique latine et contre l’occupation de la Tchécoslovaquie par l’URSS. J’étais la responsable de la mobilisation au Parti québécois (PQ) et c’est moi qui ai organisé cette dernière activité. Nous suivions très attentivement ce qui se passait au Chili depuis l’élection d’Allende. Pour nous, il s’agissait d’un projet de socialisme démocratique, bien plus inspirant que l’expérience de l’URSS, qui perdait de sa crédibilité. Cuba ne pouvait pas être un modèle pour le Québec non plus ; malgré le fait que sa révolution avait été bien accueillie chez nous, elle ne correspondait pas à nos attentes. Les opposants au projet d’indépendance prétendaient que si cette cause triomphait, le Québec deviendrait le Cuba du Nord, mais c’était une affirmation qui n’était pas fondée. Par contre, ce qui se passait au Chili nous semblait beaucoup plus près de notre réalité, c’était quelque chose qui pouvait mobiliser l’opinion publique québécoise. C’était un vent d’espoir pour notre génération. Le projet d’Allende de nationaliser les grandes mines de cuivre allait dans le même sens que la nationalisation de l’électricité chez nous, au Québec, tout comme la création de sociétés d’État pour la vente d’alcool, avec la mise sur pied de la Société des alcools du Québec (SAQ). Il faisait aussi partie du processus de décolonisation amorcé dans les anciennes colonies britanniques et françaises depuis les années 1960. J’avais acheté le disque contenant le discours prononcé par Allende lors de son passage aux Nations Unies, en novembre 1972, qui se vendait dans les librairies et les magasins de disques. Je l’ai écouté avec beaucoup d’attention avec mes amis, car le Chili était une sorte de « troisième voie », qui divergeait du capitalisme et du socialisme de l’URSS. Je crois que je garde encore ce disque chez moi. Au début des années 1970, je faisais partie de la permanence du PQ, instance où j’ai fondé un syndicat pour les employés du parti, affilié à la CSN. C’est là que j’ai connu Michel Beaubien, qui allait partir au Chili en 1972 afin de vivre l’expérience socialiste de ce pays. Il a collaboré avec moi pour mettre sur pied le syndicat. Pendant les années du gouvernement Allende, je suivais toujours les nouvelles en provenance du Chili. Je me souviens notamment de la période de la grève des camionneurs et des difficultés d’approvisionnement. Je me suis mariée le 8 septembre 1973 avec Michel Bourdon, journaliste et militant très actif dans le syndicalisme. Il avait été congédié de Radio-Canada pour avoir dénoncé la censure sur l’occupation militaire du Québec par le gouvernement fédéral en octobre 1970. Nous partagions les mêmes idées. Nous sommes partis dans les Laurentides afin d’y passer notre lune de miel dans un chalet que nous avions loué. Notre séjour devait durer dix jours. Mais au bout de deux ou trois jours, nous avons commencé à écouter les nouvelles en provenance du Chili, annonçant le coup d’État et la mort d’Allende. Il y avait beaucoup d’information sur ces événements dans des bulletins quotidiens. André Larocque, un ami, nous a informés de l’arrestation de Michel Beaubien à Santiago. J’ai éprouvé une sensation de …

Parties annexes