Comptes rendus

Stéphane Paquin (dir.), Le Québec et la France depuis 1960 : une relation d’exception, Bulletin d’histoire politique, VLB éditeur, 2022, p. 9-132.

  • Jacques Palard

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Cover of Les petites sociétés vues du Québec : études et chantiers, Volume 64, Number 2, May–August 2023, pp. 271-507, Recherches sociographiques

Le développement des relations internationales du Québec représente l’une des impulsions majeures de la Révolution tranquille. Stéphane Paquin souligne, à cet égard, le rôle moteur qu’a joué la France dans ce qu’il qualifie de « changement de paradigme » (p. 9). Sans doute l’engagement international du Québec n’était-il pas absent avant 1960, mais, par contraste avec les décennies suivantes, ses traductions politiques ont été à la fois modestes et non cumulatives. Le dossier du Bulletin d’histoire politique a pour finalité de proposer un retour sur soixante ans de relations qualifiées d’« exception » entre la France et le Québec. Sur une thématique qui bénéficie à tout le moins d’une large historiographie, les quatre contributions font preuve d’originalité. L’approche que développent Daniel Latouche et Luc Bernier accorde une attention singulière à l’impact des relations franco-québécoises sur la « capabilité » de l’État québécois à mettre en oeuvre de nouvelles politiques publiques. La construction d’une telle aptitude à caractère générique prend corps, au cours de la période 1960-1975, dans la mobilisation de « capacités » spécifiques dont l’examen successif structure l’analyse : la mobilisation de ressources financières, la conduite d’une action autonome et redevable, la planification et l’aménagement, le renforcement de l’administration étatique et, enfin, la politique de contrôle et de sécurité. La longue liste des événements qui ont jalonné l’institutionnalisation de la présence internationale du Québec permet de saisir le rôle éminent joué par la France. L’ouverture de la Maison du Québec à Paris en 1961, élevée trois ans plus tard au rang de Délégation générale dotée de privilèges diplomatiques, a fait figure de légitime reconnaissance de la capacité du Québec à agir comme un État, une reconnaissance qui pouvait donc aussi se lire comme un programme d’action. Lorsque Georges-Émile Lapalme s’est attelé à la rédaction du programme du Parti libéral de 1960, le projet de création d’un ministère des Affaires culturelles était aussi largement redevable au modèle français, incarné alors par André Malraux, au point qu’« il s’agit sans doute de la contribution la plus directe et la plus immédiate de la France à la construction étatique québécoise » (p. 27). Cette innovation gouvernementale a été source d’une connivence franco-québécoise qui s’est incarnée dans la francophonie institutionnelle et la protection de la diversité culturelle et qui a fait office de terrain d’apprentissage : la double entente, en éducation et en culture, conclue en 1965 a officialisé un accord sur des objectifs devenus communs. La création en juillet de la même année de la Caisse de dépôt et placement en tant que réservoir financier public a constitué à son tour l’une des manifestations à effet structurant de l’influence française : avec la Caisse des dépôts et consignations, fondée en 1816, « il y avait un modèle français qui correspondait à ce dont le Québec avait besoin, qui fonctionnait bien et qui pouvait remplir diverses missions d’intérêt général » (p. 24). Quand bien même « la planification à la française n’a guère trouvé preneur au Québec » (p. 48), la conception selon laquelle l’État doit jouer un rôle important dans le développement économique s’est inscrite en syntonie avec l’orientation traditionnellement mise en oeuvre par les dirigeants politiques français. En outre, le passage du paradigme de la planification à celui de l’animation sociale ou du développement par la base, comme ce fut le cas au sein du BAEQ, a emprunté à l’humanisme chrétien de l’économiste et père dominicain Louis-Joseph Lebret. Mais l’influence française a aussi trouvé ses limites, singulièrement dans le domaine de la réforme de la fonction publique québécoise : ainsi, lors des tractations qui ont entouré l’élaboration du cursus de formation …