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Diagne, Souleymane Bachir (2022) : De langue à langue : l’hospitalité de la traduction. Paris : Albin Michel, 180 p.

  • Rouhollah Ghassemi

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  • Rouhollah Ghassemi
    Université Shahid Beheshti, Téhéran, Iran

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Cover of Volume 68, Number 2, August 2023, pp. 221-500, Meta

Quel est le rapport entre la traduction et l’humanité ? Comment peut-on définir la relation entre les langues et les positions qu’elles prennent l’une à l’égard de l’autre ? Comment peut-on définir les notions de domination et de colonisation par rapport à la traduction ? Ce sont les questions auxquelles tente de répondre le dernier livre du philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne qui, en 2022, a publié chez Albin Michel un livre qui est intitulé ainsi : De langue à langue : l’hospitalité de la traduction. L’auteur de ce livre est qualifié selon Le Monde, dans sa version anglaise du 20 août 2022, comme « one of the most important philosophers of our time ». Le titre de ce dernier ouvrage de Diagne nous semble en même temps révélateur et énigmatique ; bien qu’il se concentre sur les questions de traduction, le mot « hospitalité » soulève les débats à cause d’un sens ironique qu’il peut introduire dans le discours. L’hospitalité étant un état amical à l’égard des autres, le sous-titre nous évoque l’idée que la traduction entraîne des relations amicales basées sur le respect mutuel, même si le texte de cet ouvrage n’approuve pas forcément cette bienveillance. Le livre dans sa forme structurelle est composé de cinq chapitres précédés d’une introduction et suivis d’une conclusion. Non seulement les chapitres mais aussi l’introduction et la conclusion portent des titres et c’est pourquoi on a l’impression que le livre se divise en sept chapitres. « La traduction contre la domination », tel est le titre de l’introduction qui montre la position de l’auteur sur l’humanisme de la traduction et les rapports entre les cultures et les nations. Dès les premières pages de l’introduction, Diagne révèle ses tendances universalistes et méprise la domination et la suprématie d’une langue sur les autres (p. 14). Il cite plusieurs fois Pascale Casanova (2015) selon laquelle chaque langue se range dans une catégorie qui représente son importance par rapport aux autres. Les langues de moindre importance meurent et cèdent leur place à une autre plus « prestigieuse ». La disparition de l’une entraîne les locuteurs vers une lingua franca qui absorbe peu à peu toutes les autres langues. Cela montre qu’il existe une asymétrie des langues dans la traduction. Selon l’auteur, qui cite encore Casanova, le seul moyen de « lutter contre une langue dominante, c’est d’adopter une position “athée” et, donc de ne pas croire au prestige de cette langue » (p. 17), car la traduction peut être source de dialogue et d’échanges ; elle est capable de créer la réciprocité et de faciliter la rencontre entre les humains, dissipant ainsi « l’asymétrie coloniale ». Le premier chapitre est intitulé « Le linguiste, l’indigène et l’extraterrestre » ; le titre semble un peu extravagant pour un ouvrage traductologique. Pourtant, l’auteur fait implicitement allusion au contenu de ce chapitre où il se réfère, à maintes reprises, à Willard Van Orman Quine (2010) qui a mis de l’avant l’idée de la « traduction radicale ». Cette idée se présente, selon Diagne, « comme une situation d’asymétrie coloniale » (p. 21). Pour connaître cette traduction radicale, il faut savoir ce qui nous lie les uns aux autres ; ainsi doit-on imaginer un État avant la société, comme dit Rousseau. De même, pour comprendre un langage, il faut imaginer un État, une situation qui précède le langage pour qu’on puisse « examiner les raisons, ou plutôt, dit Rousseau, les émotions qui nous ont poussés à chanter nos phrases avant de prononcer nos mots » (p. 22). Selon Diagne, un manuel de traduction a un caractère provisoire, c’est un …

Appendices