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Caliendo, Giuditta et Oster, Corinne (2020) : Traduire la criminalité : Perspectives traductologiques et discursives. Lille : Presses universitaires du Septentrion, 260 p.[Record]

  • Daniel Padilha Pacheco da Costa

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  • Daniel Padilha Pacheco da Costa
    Universidade Federal de Uberlândia, Uberlândia, Brésil

Depuis le début de la mondialisation, on observe la prolifération continue des points de contact entre la traductologie et le sujet de la criminalité. Malgré cela, les recherches vouées à leur compréhension restent peu nombreuses. Ne serait-ce que pour cette raison, l’ouvrage Traduire la criminalité : Perspectives traductologiques et discursives, dirigé par Giuditta Caliendo et Corinne Oster, devrait être salué comme une contribution remarquable au domaine. Au demeurant, ce recueil de huit chapitres doit aussi être salué pour la variété de sujets qu’on y aborde – comme la traduction littéraire, journalistique, audiovisuelle et juridique. Autrement dit, cet ouvrage s’aventure bien au-delà du sujet de prédilection des traductologues dans ce domaine, soit la traduction de la fiction sur la criminalité, notamment du roman policier. Au chapitre des aspects positifs de ce recueil, on ne saurait passer sous silence le large éventail de cadres théoriques qui y sont mobilisés pour analyser les représentations discursives de la criminalité organisée. Divisé en quatre parties de deux chapitres chacun, le recueil inclut plusieurs approches : les approches littéraires (Fiona McCann, Cathy Fourez) ; les approches linguistiques, discursives et multimodales (Inge Lanslots, Paul Sambre) ; les approches sémiotiques, audiovisuelles et cinématographiques (Giuseppe Balirano, Frédérique Brisset) ; et les approches traductologiques dans le contexte européen ; sans compter une perspective jurilinguistique (Giuditta Caliendo et Giuseppina Scotto di Carlo ; Hanaa Beldjerd et Armand Héroguel). En fait, l’éventail de cadres théoriques de cet ouvrage est si large qu’on pourrait même dire qu’il en menace la cohésion. Le but de l’introduction générale, intitulée « La traduction était presque parfaite : défis traductologiques autour de la criminalité », ainsi que des présentations spécifiques de chacune des quatre parties semble d’ailleurs être d’éviter un tel risque. Le risque d’incohésion est écarté non seulement en raison du fil conducteur de l’ouvrage, la criminalité organisée dans un contexte de mondialisation, mais aussi parce que, dans les différentes approches traductologiques, on aborde toujours le sujet sous l’angle principal de la sociologie de la traduction. Ce recueil a été précédé d’une journée d’étude tenue en 2016 sur le sujet « Traduction et criminalité – La représentation discursive du crime organisé ». Lors de cette journée, les participants ont exploré le rôle de la traduction dans les représentations discursives de la criminalité organisée dans un contexte de mondialisation. Dans le recueil, les directrices proposent d’approfondir l’analyse des effets de la mondialisation sur ce sujet de recherche, comme en témoigne leur usage fréquent, dans l’introduction générale autant que dans les présentations spécifiques, des expressions représentations internationalisées (p. 20), imaginaire mondialisé (p. 22), imaginaire globalisé (p. 23), circulation transnationale (p. 69) et circulation du cinéma mondialisé (p. 122). Le sens de ces adjectifs – internationalisé, mondialisé, globalisé et transnationale –, qui semblent être utilisés comme des synonymes interchangeables, n’y est néanmoins pas défini. La traduction est le dénominateur commun de l’ensemble des sujets et des cadres théoriques abordés dans ce recueil. Aussi, dès l’introduction générale, les directrices adoptent une approche sociologique de la traduction, ce qui leur permet de mettre en évidence les points de chevauchement avec les tendances récentes de la discipline (Pym, Schlesinger et Jettmarová 2006 ; Wolf et Fukari 2007). Elles s’y réfèrent dans ces termes : « La sociologie de la traduction, domaine de recherche en plein essor (Wolf 2007), examine les implications de la traduction en tant que pratique sociale en y intégrant l’analyse textuelle et extratextuelle » (p. 17). Ce choix théorique n’est pas incohérent avec le présupposé fondamental du recueil selon lequel la mondialisation serait un cadre inévitable, dans le contexte actuel, pour comprendre les représentations discursives de …

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