Comptes rendus bibliographiques

CHAPUIS, Robert (2019) Besançon, un vignoble millénaire. L’Harmattan, 204 p. (ISBN 978-2-343-17315-3)[Record]

  • Dominique Soulancé

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  • Dominique Soulancé
    Université de Lille

L’agglomération de Besançon s’est implantée sur un méandre du Doubs : la Boucle. Lorsqu’on évoque cette ville, c’est à la place forte militaire, la capitale religieuse ou à son patrimoine architectural qu’on pense. Son riche passé lui a valu le label « Ville d’art et d’histoire » et un classement au Patrimoine mondial de l’Unesco en tant que site Vauban. Sa qualité de ville vigneronne semble cependant être moins connue du grand public. Le livre de Robert Chapuis, professeur émérite en géographie, comble cette lacune. Auteur de plusieurs ouvrages traitant de la viticulture française et étrangère dont en 2013, Vignobles du Doubs et de Haute-Saône, il obtient en 2017 le prix Georges Dreyfus décerné par la Société de Géographie pour La renaissance d’anciens vignobles français disparus. En 2019, paraît Besançon, un vignoble millénaire chez l’Harmattan, collection Connaissance des régions. Écrit en collaboration avec Patrick Mille, ingénieur d’étude au laboratoire THEMA – Université de Bourgogne Franche-Comté, cet ouvrage se place dans la continuité des précédents. Il a bénéficié du soutien de la Chaire UNESCO Culture et traditions du vin, dont l’un des objectifs consiste au développement des connaissances sur les vignobles et vins du monde et à la diffusion de ces savoirs auprès d’un large public. Suivant une approche historique et géographique, les auteurs retracent la construction du vignoble bisontin, au regard des évolutions politique, économique, sociale, environnementale et technique en un découpage chronologique en cinq temps. Ils appuient leur discours sur une riche iconographie en noir et blanc et en couleur mêlant photographies, cartes, schémas, graphiques, tableaux et statistiques. L’ouvrage débute par une préface signée du maire de la Ville de Besançon, Jean-Louis Fousseret. Suit une page de remerciements qui fait la part belle à la littérature grise (mémoires et thèses) trop souvent oubliée. Elle précède une courte introduction d’une demi-page. Robert Chapuis s’attache à retrouver les origines du vignoble, qu’il datera : « On prendra comme départ le XIe siècle, époque de la première mention certaine de son existence (p. 14) ». Il souligne le rôle capital de l’Église dans sa création puis son extension. C’est au bas Moyen Âge que s’affirme la viticulture urbaine : la vigne occupe l’essentiel du terroir des coteaux de la Boucle. La population viticole est estimée au quart de la population de Besançon : les vignerons ne sont que rarement propriétaires des terres qu’ils exploitent et l’Église dispose de la moitié du vignoble. Les rendements sont aléatoires, sujets aux aléas climatiques et aux différentes périodes de troubles (guerres, révoltes). Fin XVe siècle, l’organisation économique, politique et sociale du vignoble est solidement structurée ; vins et commerce sont taxés. Le second temps aborde les XVIe et XVIIe siècles : la vigne atteint son extension maximale : « [Elle] encercle presque totalement la ville et pénètre à l’intérieur de la Boucle pour venir y encadrer la partie urbanisée » (p. 62). Des précisions sont données sur la taille des parcelles et l’organisation du territoire : « murgers », « trages », « cabordes » façonnent le paysage. Des schémas détaillent outillage employé et techniques de culture. Cépages, calendrier agricole, vendanges et vinification complètent la description du vignoble. La vente du vin est essentiellement locale ; il existe de « bons vins et des moins bons » (p. 70) ; les vignerons nombreux sont revendicatifs. La fin de cette partie et la suivante sont consacrées au vigneron. Aucun rôle décisionnel important ne lui est accordé au sein de la ville jusqu’à l’autorisation de la création de la première confrérie des vignerons : 1548, Confrérie de St-Vernier. Si certains sont propriétaires …